Le désir de psychanalyse aujourd’hui

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Le désir de psychanalyse aujourd’hui
A la suite des deux rencontres internes de la FAP ( Fédération des Ateliers de Psychanalyse) à Paris autour du thème «  le désir de Psychanalyse aujourd’hui », une troisième rencontre a eu lieu à Toulouse en mai 2009, à l’initiative de l’Atelier Entracte. Ceci est le texte qui a servi de base à ma contribution. Il a été publié dans la revue interne Epistolettres.

Et le commencement était au milieu
L’atelier de Toulouse s’appelle « Entracte ». Or pendant l’entracte la représentation est suspendue. Tout un programme ! Et qu’est ce qu’on fait pendant l’entracte ? On parle de ce que l’on vient de voir et d’entendre, en attendant la suite et la fin . On sait que l’on est aux milieux et on ne sait pas comment ça va continuer ni comment ça finir: or dans chaque analyse, à chaque séance, à chaque pause, on est au milieu. On est toujours au milieu jusqu’à la veille de la mort. Deleuze disait qu’on ne commençait jamais au commencement, car on ne sait pas où ça commence, car tout commence au milieu. C’est donc une très belle métaphore qui nous est offerte par cette appellation. L’entracte comme suspension de la représentation : n’est-ce pas la brèche nécessaire pour faire place à de nouvelles pensées à partir de ce qui a été vu et entendu?

C’est un véritable programme qui nous est par ailleurs proposé avec trois chapitres à traiter au moins : désir, psychanalyse, aujourd’hui. – Le désir ne s’analyse pas. Il est ou n’est pas. Et parler du désir d’analyse suppose que l’analyse soit posée comme objet de désir, qu’elle est ou n’est pas désirable. Et l’analyse pour qui ?
Parle-t-on du même désir côté analyste et côté patient ? Pour l’analyste, il s’agit de savoir si la psychanalyse qu’il peut aujourd’hui exercer est bien celle qu’il désire exercer ? Côté « patient » – et je dis « patient « avant de pouvoir dire analysant – , un patient ne devient pas toujours analysant, et certains analysants ne se sentent pas patients. Demander un rendez-vous chez un analyste, est-ce donc forcément devenir un analysant, est-ce synonyme de vouloir une analyse ? Certainement pas. Et aujourd’hui encore moins qu’hier. Ne peut-on finalement dire que , ne veut et ne désire de l’analyse que le patient qui veut devenir analyste lui-même ? Et encore, je parle là à un niveau conscient… Sinon le patient, ou futur analysant, demande une thérapie, et tant pis si c’est avec les moyens de la psychanalyse. Mais les moyens de la psychanalyse lui conviennent-ils ? Souvent il ne les accepte pas. Ni la quantité des séances, ni le dispositif et parfois il ne veut pas (même s’il en a les moyens), accepter la méthode, l’association libre. On lui a dit tant de mal de la psychanalyse !
Alors on doit se contenter de parler du désir de psychanalyse du psychanalyste. Puisque c’est son désir qui crée l’objet. De toutes façons nous savons bien que « tout » ce que l’on fait pendant une analyse n’est pas de la psychanalyse, et que tous les psychanalystes ne désirent pas la psychanalyse, ou en tout cas pas la même psychanalyse. Alors reviennent les anciennes discussions à propos des différences entre psychothérapie et psychanalyse. Mais elles ne tiennent plus la route, elles sont moins convaincantes, les différences ne sont plus ce qu’elles étaient, elles ont tendance à s’estomper, pour toutes sortes de raisons. Mais « on » y tient. On y tient étrangement. Alors se pose la lancinante question : Qu’est ce que la psychanalyse ? Un corps de connaissances ? Une pratique et une théorie, un savoir acquis par sa propre analyse ? Des études, des lectures, un travail avec d’autres analystes ? Un lent cheminement, en tout cas. Il m’arrive maintenant, au bout de quarante ans de pratique , après une séance, de me dire avec une vraie joie : « là il y a eu de l’analyse » sachant que tout le reste n’a fait que rendre cette séance possible. Mais tout le « reste » est d’une importance qu’on ne peut sous-estimer. La psychanalyse se spécifie par sa « méthode » et non pas seulement par un corpus de connaissances. C’est une méthode, la cure par la parole, où l’analysant est invité à associer librement et l’analyste à laisser flotter aussi librement son attention. Tout jugement est suspendu. C’est une rencontre entre deux personnes dans un dispositif qui a ses règles. Ceci est la base de toute analyse, mais il est évident qu’on ne peut pas s’y cantonner. Une spécificité encore ; s’il y a une méthode idéale, il n’y a pas de protocole. C’est important, et c’est la critique majeure qu’on adresse à la psychanalyse. C’est un exercice qui n’admet pas de témoins, qui ne peut pas se reproduire comme une expérience en laboratoire, tout en étant éminemment répétitif dans son rituel. Le transfert est ce qui relie l’analysant à l’analyste, lien et lieu de répétition et de l’infantile et moteur de la novation. A partir de là tout peut diverger, et l’on peut se demander si aujourd’hui on peut encore parler d’UNE psychanalyse ?
Je ne pense pas. Il y a des psychanalystes avec lesquels on peut échanger, même s’ils ont des références théoriques différentes, et d’autres avec lesquels il n’y a pas de langage commun. Idéalement on pourrait imaginer que chaque analyste possède une culture suffisante et une connaissance des autres écoles de pensée que la sienne, ce qui permettrait de se comprendre quelle que soit la langue. Fatale erreur ! Entre comprendre intellectuellement et s’entendre il y a un grand pas, souvent infranchissable.
Mais je ne désarme pas, et je cherche. Il y a forcément un fil rouge qui permettre de penser une unité de la psychanalyse . En principe tous psychanalystes convoquent comme concept majeur l’inconscient, et le transfert. Mais en pratique les divergences sont massives. En principe, il y a le transfert en tant que référence commune, mais cela s’arrête là. Le contenu du transfert et son traitement en séance peuvent êtres tellement différents que le seul usage d’un même terme ne permet pas de s’entendre. Il y a surtout la méthode, et le dispositif spécifiques de l’analyse qui en principe devraient permettre une convergence.
Mais là encore, la méthode aussi bien que le dispositif fauteuil –divan ont volé en éclats et ne constituent plus une référence commune.
Ils ont volé en éclats parce que la pratique a changé. Ces changements de pratiques nous conduisent au troisième de l’intitulé.
– Aujourd’hui les pratiques ont changé. Et ces changements imposés du dehors affectent tout le monde. Or ce « dehors » qui nous affecte tous est peut-être l’élément qui deviendra le vrai fil rouge ? Parce que tout le monde a le même dehors.
La question du désir de psychanalyse référée à « aujourd’hui « laisse entendre que le psychanalyse est devenue moins « désirable » qu’elle ne l’était hier? La question du désir de psychanalyse n’est alors plus à prendre au singulier, puisqu’il faut que la psychanalyse soit « désirable » collectivement. Si la pratique a changé, et donc la psychanalyse aussi, la question est celle-ci : quelle analyse souhaitons nous construire pour demain ?
Si je peux commencer par me demander quel est « mon » désir de psychanalyse, je dois impérativement continuer par : quel est donc cet objet du « désir » que je pourrai partager avec les autres analystes. Il faut bien qu’il y ait quelque chose de commun pour qu’une discipline existe en tant que telle. C’est ici que la théorie prend sa place . Car l’importance d’une théorie ne réside pas seulement dans sa cohérence ou dans son pouvoir de transformation du sensible en intelligible , une théorie cimente les groupes. Elle fait identité de groupe, c’est une langue commune pour rendre compte des expériences singulières. C’est ce qu’on peut partager avec les autres. À mon avis c’est un leurre et un danger. Ce qu’on partage ce sont paradoxalement les défenses. On l’a vu : de beaux écrits, de discours admirables et brillants, que n’étaye aucune clinique digne de ce nom, qui n’autorise aucune confiance quant aux capacités cliniques de leur auteur.
Heureusement que cela n’est pas la règle, mais c’est assez courant pour que la confiance ne soit pas au rendez –vous après une production théorique brillante, voire convaincante. Les corps ne sont pas au rendez-vous. Peu ont l’honnêteté de « décrire » leur pratique et de soutenir autrement que par des références « théoriques » et absconses ce qu’ils font réellement. À l’autre extrême , les « cliniciens » balbutient et ne s’autorisent pas à soutenir haut et fort leur pratique, faute de pensée suffisamment élaborée.
Je tiens à préciser que l’on doit distinguer théorie et pensée clinque. J’emprunte l’expression de « pensée clinque » à Green, car elle dit bien qu’il s’agit d’une pensée qui n’est pas une pure description mais qui est issue de la clinique ce qui la différencie du champ conceptuel de la théorie. La consignation des pratiques est un abord qui est encore autre : pour savoir si nous parlons bien des mêmes choses, il est indispensable si nous nous référons à des pratiques comparables. Certes on ne peut jamais tout décrire, mais il y a une grande marge entre ce que l’on peut lire dans la littérature analytique, faite le plus souvent de commentaires de la théorie et cette part de non- consignée de la pratique effective. S’il y a une part de poésie, d’immanence et de non – transmissible, de tout à fait singulier dans chaque séance, dans chaque cure, la clinique n’est quand même pas de l’ordre de l’indicible ! Je rappelle à cette occasion que déjà en 1990 lors une journée de travail de l’Atelier « Praxis » sur « l’Offre et la Demande », Jeanne Favret – Saada avait insisté sur la nécessité de consigner nos pratiques et nos manières de faire, pour penser la clinique, disant déjà qu’il n’existait pas de conception commune de la psychanalyse et encore moins de la thérapie psychanalytique pour les uns et les autres qui s’en réclament.
(Cf. Jeanne Favret -Saada « Consigner nos pratiques )
Or s’il n’y a pas de conception commune c’est parce qu’on ne sait pas si l’on parle des mêmes choses. La psychanalyse en train de se faire Alors quelle psychanalyse est-ce que je désire ? » Énoncé ainsi, cela garde pour moi un air abstrait. Je préfère dire : quelle psychanalyse est-ce que je peux faire aujourd’hui, en 2009, et, faisant comme je peux, avec les patients tels qu’ils sont, est ce que je trouve cette analyse, ainsi « changée « encore désirable? Comme on se demanderait pour un vieux mari ? une vieille épouse ?? Eh bien non ! parce que la psychanalyse n’a pas vieillie, elle change, et elle sera telle que je la fabriquerai avec les éléments dont je dispose. La psychanalyse n’existe pas en dehors de l’exercice de l’analyse. On peut l’utiliser pour spéculer dans un tas d’autres domaines, le cinéma, une œuvre littéraire, etc… Freud l’a fait souvent, c’est de la psychanalyse appliquée. Il en était ainsi pour ses écrits sur Léonard da Vinci, Moïse, Totem et Tabou, mais tout cela n’était et n’est possible parce que quelque part la psychanalyse était en train d’être exercée.. Il n’y a d’analyse que celle qui est en train de se faire. Et pas d’application de la psychanalyse sans un exercice effectif qui garantit la réalité de la discipline . Or, quand on dit, ultime menace : « ceci n’est pas de l’analyse », ou » ceci n’est plus de l’analyse. ».. à quelle place se situe celui ou celle qui émet un tel énoncé? Qui est habilité à prononcer ces diktats ? Certes on peut discuter les limites de la psychanalyse, sa spécificité, et on doit en discuter , à cause même du fait que la psychanalyse est un savoir et un exercice sans cesse en mouvement. Mais d’abord ceci : je ne pense pas qu’il y ait une barrière qui permette de séparer d’un côté la psychanalyse pure et de l’autre quoi ???le n’importe quoi, ou… l’éternelle crainte de la psychothérapie ? Enfin la question est posée.
Et je reprends l’antienne : aujourd’hui les demandes ont changé.
En résumé : « on » vient pour une thérapie, et il n’y a plus de demande de vraie psychanalyse, au grand dam des analystes. Cela mérite d’être déplié. Partout dans le monde où la psychanalyse existe, on fait ce même constat : les demandes ont changé et les analystes sont littéralement obligés de changer leur pratique s’ils veulent continuer à travailler. Eh bien oui, le monde a changé partout. Dans un livre publié en 2006 à l’issue d’un colloque de la SPP, « Unité et diversité des pratiques du psychanalyste » édité par André Green, il y a des comptes-rendus très intéressants au travers de nombreux pays. Les conclusions sont les mêmes    sur les changements inévitables à accepter si on veut continuer à pratiquer l’analyse.
Je trouve particulièrement intéressant ce qui se fait en Amérique du Nord. La crise – non pas la crise financière actuelle- mais celle de la psychanalyse pure -et que la crise actuelle ne fera que renforcer- a été telle qu’ils ont été obligés de céder du terrain. À la fois sur la fréquence des 4 à 5 séances par semaine, et sur le cadre, l’analysant allongé et l’analyste le plus souvent silencieux n’intervenant que pour interpréter les résistances et le transfert. Ils en sont à constater que la plupart des analystes travaillent avec une ou deux séances par semaine et le plus souvent face à face. Les instances dirigeantes ont donc autorisé les didacticiens et les analystes à « former » les jeunes analystes à la psychothérapie. C’est insensé de penser qu’un analyste de formation « classique » ne savait pas faire une psychothérapie !!! Il faut dire qu’ils étaient d’une rigidité inouïe, et la crise actuelle est à bien des égards salutaire.
Ces mêmes analystes (IPA) constatent que la différence entre psychanalyse et psychothérapie analytique tend à s’estomper, voyant que le dispositif du face à face n’empêche pas automatiquement le processus de psychanalyse. Tout l’establishment de la psychanalyse souffre ! les patients ne sont plus patients, il y a de la désobéissance civile dans l’air !
Il en est de même pour les analyses dites « lacaniennes » les patients acceptent de moins en moins les séances ultra-courtes, le silence sépulcral , et se permettent de quitter leur analyste s’il reste sourd à leurs revendications. Dans les deux camps,    il ne reste que des « élèves » analystes et des patients dont la soumission se lit comme un symptôme. À mon grand amusement, j’ai constaté que c’était paradoxalement les analystes américains qui posaient les questions apparemment les plus « osées ». Voilà ce qu’en dit    Christine Anzieu-Premmereur dans ce même ouvrage : « Même si elles ne rentrent pas dans le contexte des analyses supervisées pour la formation, les analyses par téléphone ou par e-mail sont de plus en plus à l’ordre du jour ». « C’est ainsi que les analystes de formation ont commencé avec la Chine, grâce à un programme d’ordinateur associé avec lune caméra vidéo qui permet de parler avec le candidat tout en le voyant sur un écran. » Il y a donc des analystes chinois qui se forment avec des didacticiens américains par Internet, ils se voient et se parlent par la voie du Skype. Cela se pratique de plus en plus pour les contrôles, mais aussi pour les analyses. On peut toujours pousser des cris d’effraie, ce qui se fait, se fera, et on doit en tenir compte. Or rien ne me permet de prétendre que le désir de psychanalyse de la personne qui est obligé de passer par l’Internet parce qu’elle est trop loin de tout analyste en chair et en os, soit fondamentalement différent du mien qui vit dans un petit pays où tout est relativement proche. En revanche je peux dire que la psychanalyse subit les mêmes lois du marché que les autres activités de la société. C’est l’évolution sociale qui les oblige à se poser ce genre de questions et à répondre à des demandes qui, en des temps de plus grande prospérité, n’auraient reçu aucun accueil. Alors si on pose la question du désir de psychanalyse aujourd’hui, est-ce par rapport à ces changements de la psychanalyse elle-même à partir d’une recherche fondamentale, ou par rapport à la faisabilité de son exercice classique pour des raisons de marché ? Ce qui me conduit à poser une question trop souvent laissée pudiquement de côté.
La psychanalyse comme ascenseur social La psychanalyse est en effet devenue moins désirable en ce qui concerne l’ascension sociale ! Dans les années 60-70 les promesses de l’analyse étaient mirobolantes. Côté performance et côté phynance ! Elle avait le vent en poupe. Ces promesses n’ont pas toujours été tenues. Il faut le reconnaître , côté ascenseur social pour les analystes et côté guérison pour les patients . Je pense à l’arrogance de certains collègues de jadis concernant les enfants autistes. Ça se récolte aujourd’hui en méfiance. ! Dans ces mêmes années 60-70 l’analyse était la façon la plus rapide d’accéder à une notoriété et surtout à un bien -être financier qui ne fonctionne plus. D’où la féminisation du « métier ». Moins de pouvoir, moins d’argent, moins de notoriété, moins de phallus. Et moins de « désir » ??? Dans le public, le désamour s’est installé, la psychanalyse a perdu son glamour ! Mais elle respire encore…alors entrez en scène, n’hésites plus !
Alors, comme les américains, mais à notre façon, (on part de moins loin !),on est obligé de se poser la question de la psychothérapie et de la psychanalyse. Je ne pense pas que cela concerne seulement les histoires administratives ou de reconnaissance par l’Etat. Je situe le débat à l’intérieur de la psychanalyse elle-même. Demandes de thérapie Bien que tout le monde s’accorde sur l’importance de l’association libre et du dispositif divan- fauteuil, beaucoup de patients actuels n’arrivent pas à s’accommoder de la méthode pure.
Certains ne savent pas , d’autres la refusent , mais surtout, chez beaucoup il faut aller à la pêche. Au lieu de l’attention flottante il faut au contraire une grande attention de la part de l’analyste pour établir un contact et ne pas rater le moment propice où un petit espace s’offre à une interrogation possible.
J’ajoute qu’il y a chez certains patients qui viennent après de longues années passées sur le divan une « vraie » demande de psychothérapie. Parce qu’ils en ont marre d’aller mal ! Quand on dit que les demandes ont changé, on dit donc qu’il il y a surtout demande de thérapie. Car demandes il y a , et à profusion, dès que la vox populi a perçu que des analystes existent qui se préoccupent de l’aspect thérapeutique et qu’ils « parlent ».
Une remarque d’abord : les demandes de thérapie ont toujours existé. Seulement « avant » l’analyste pouvait se permettre de ne pas y répondre,
de signifier qu’il fallait attendre, qu’il fallait prendre une voie moins directe…etc Aujourd’hui il n’y a plus de patients, il y a des impatients. Nous sommes dans l’ère du zapping. Que faire ? que chacun se pose la question à titre personnel ce qu’il ou elle attendrait de la psychanalyse. D’une cure, comme ça se disait. Et chacun de trouver sa réponse avant d’attendre ce qu’en disent les POUVOIRS PUBLIQUES. On s’en fout des pouvoirs publics, l’affaire est trop importante pour l’abandonner à l’arbitrage de gens incompétents. Que chacun fasse son travail. Ensuite on verra les conditions matérielles d’application….des peines… Chaque analyste, ou encore chaque thérapeute qui voudrait se nommer analyste devrait se formuler la question s’il y avait pour lui personnellement une différence entre psychothérapie et psychanalyse.
Je crois que dans l’ensemble beaucoup s’accordent pour dire que si différence il y a, elle ne réside pas dans le fait qu’il y a divan ou face à face,
même si on sait que ce n’est pas pareil. En ce qui me concerne, je constate que je travaille mieux quand il y a plus d’une séance par semaine. Je travaille mieux, cela ne veut pas dire qu’en passant d’une séance à deux ou trois on est automatiquement dans « plus « d’analyse. » la même chose vaut pour le passage au divan. User du rituel de la psychanalyse, et même avoir un désir de psychanalyse ne garantit en rien qu’il y aura à chaque rencontre patient-analyse de la psychanalyse.
Alors je propose pour l’instant de traiter le problème en associant et non pas en dissociant les pratiques. Je dis, psychanalyse ET psychothérapie, et non pas psychanalyse OU psychothérapie. C’est là où je situe mes divergences avec les orthodoxes de tous poils.
Mais d’abord il y a quelques critères internes à la psychanalyse pour discuter des bords entre psychothérapie et psychanalyse. Bords mouvants, et pas importants si l’analyste ne perd pas sa boussole. Je crois que l’essentiel n’est pas tant dans les conditions matérielles, bien qu’elles comptent, mais dans ce qu’on entend par « psychanalyse ». Car, Il ne faut pas oublier que pour Freud, qui ne se privait pas de donner des conseils, ni d’intervenir dans la réalité, il s’agissait avant tout de résoudre des conflits INTRAPSYCHIQUES. Tout était « dedans » . Puis sont venus d’autres courants,    et il y a eu le primat des conflits INTER-PSYCHIQES et l’importance de l’environnement. Ceci est important pour poser la question de la différence psychothérapie et psychanalyse. Dès lors que l’on sort du pur intrapsychique, on est plus à l’aise pour prendre en compte « le Monde », l’environnement et par extension les rapports sociaux actuels, non pas comme des parasites de l’analyse pure , mais comme partie intégrantes d’une analyse. Paradoxe que je ne peux pas développer maintenant mais que je mentionne : C’est la place accordée aux premières relations d’objet, donc avec l’apparition de la « mère » que le rapport actuel au Monde prend consistance dans l’analyse. Il y a une autre différence importante, celle-ci dépend de l’analysant et non plus de l’analyste : certains patients se demandent très vite pourquoi ou comment ils pensent ou sentent de cette manière plutôt que d’une autre. Il n’y a pas d’analyse quand l’analysant reste dans une pure attitude projective. Quand pour lui Tout se passe à l’extérieur, dans une réalité compacte qu’on n’interroge plus qui ne se relie pas à son expérience subjective et précoce. L’air du temps veut que l’important ce soit d’être victime, de se faire reconnaître comme victime. Cela peut constituer une étape importante pour beaucoup, dont on a pu nier les souffrances endurées. C’est une condition nécessaire mais non suffisante pour entamer un processus de vraie thérapie, sans même parler de psychanalyse. Autant je crois que tout n’est pas réductible à des conflits intrapsychiques, autant il faut bien qu’il y ait à un moment ou à un autre la conscience que quelque chose de cet extérieur est devenu interne, que quelque chose a affecté l’intime et les représentations subjectives. On cite beaucoup Winnicott, en oubliant que lorsque celui-ci parle de l’objet, il ne parle pas seulement de la mère objectivable, il parle à la fois de la quête de la mère « historique » telle qu’elle a été, et telle qu’elle est devenue, une fois intériorisée par l’enfant comme objet interne. Le vocabulaire peut changer, on peut dire imaginaire, on peut dire introjectée, on peut dire intérioriser, le fait est que tant qu’on n’a pas accès à la vie intérieure (Das Seelenleben disait Freud et cela signifie la vie de l’âme ! ) on n’est pas dans le champ de la psychanalyse. De la même façon, on peut chercher tous les souvenirs d’enfance, et reconstruire le passé sur des générations et des générations, et même avoir un transfert d’enfer pour son analyste, tant qu’on n’a pas conscience du retour dans le présent de l’infantile, du passé, tant que les éléments régrédiants ne sont pas mis en présence des éléments progédients , on est dans le champ de la
psychothérapie, et encore…. A mon avis il n’y a pas de psychanalyse sans régression repérée.  Alors, allez expliquer ça aux ministres de la santé !!!!
Donc, voilà la difficulté : compte tenu du changement de la population qui vient essentiellement demander un « mieux » chez l’analyste, il est indispensable qu’il soit très bon comme « psychothérapeute » pour rester analyste. Ce n’est qu’ainsi, très souvent, qu’on pourra ouvrir l’espace proprement analytique. Je ne me souviens plus qui disait que la psychothérapie c’était une psychanalyse très compliquée ! Mais c’est très juste.
Tout le monde semble s’accorder sur un point : tout le monde a changé. Les demandes ont changé, mais l’offre aussi. À ceci près : les analystes ne l’assument pas ! Avec de l’offre, on crée de la demande… disait Lacan, en bon libéral qu’il était !
Or quelle était l’offre au temps de Freud ? c’était celle de guérir d’une autre façon que par la médecine. De guérir par la parole. De guérir là où la médecine échouait. Il y avait donc promesse de guérison, ne l’oublions pas. Mais aussi de trouver un sens aux symptômes parce qu’il y avait un au-delà de la thérapie , une autre voie pour l’esprit, et c’était une voie désirable. Est désirable le nouveau, même s’il fait peur.
Quelle était l’offre de Lacan ? C’était celle d’un autre savoir. « Tu peux savoir » Scilicet ! Lacan ne promettait pas la guérison, mais il ouvrait un champ de pensée nouveau et produisait des concepts tels l’objet (a), la distinction entre besoin, demande et désir, le RSI (qui appréhendait la réalité de manière plus moderne, donnant au réel un statut compatible avec les sciences dures,) les quatre discours et j’en passe. Lacan rendait ainsi l’analyse attrayante, surtout pour les intellectuels. Aujourd’hui cela reste encore payant : le RSI et les quatre discours sont inépuisables à alimenter les discussions sur des livres, des films, l’art, la politique. Mais tout discours s’use s’il n’est pas indispensable à une pratique. Le discours lacanien n’est pas indispensable à la pratique de la psychanalyse. Et la re-découverte de Winnicott, mais aussi de Bion, permet un autre dialogue avec les cliniciens de tout bord. Je pense que l’usage parfois exclusif des auteurs anglais, nous sort de l’isolement concernant la pensée clinique, mais en ce qui concerne les possibilité de penser l’analyse avec les découvertes récentes en biologie moléculaire, Freud reste le pionnier exemplaire.
Aujourd’hui… Reprenons la guérison, offre de Freud et le savoir autre, offre de Lacan. -La guérison est maintenant offerte par d’autres disciplines, et l’analyse ne s’est pas montrée à la hauteur, bien qu’elle soit un moyen très puissant … de guérison, encore faut-il s’en donner les moyens et ne pas traiter la part de thérapie comme une partie honteuse de l’analyse. Il faut oser être analyste –thérapeute. Or c’était proscrit ! c’était très mal vu …jusqu’à l’attaque des portefeuilles. C’était mal vu pour des raisons stupides,à cause de la bêtise qu’engendre tout dogmatisme. -Un savoir autre : là encore, les neurosciences offrent un savoir nouveau, fascinant ? En analyse, le savoir a avancé, mais de façon fragmentée et souterraine. C’est un savoir clinique et notre savoir n’a pas pris place là où il devrait. Certes, nous avons fait des progrès, mais ce sont des progrès clandestins, dus à des pratiques forcément déviantes par rapport à la cure- type. Et un savoir qui prétend se référer à une théorie rendue immuable, qui n’a pas bougé, quelle légitimité peut-il avoir pour le dehors ? le dehors qui ne peut avoir accès qu’à la chose écrite ? Il y a eu de très grands changements dans la clinique, et des avancées : grâce à des patients –impatients, qui nous obligent à modifier nos pratiques.
Quelles que soient les diversités des théories, toutes sont concernées par la nécessité d’avoir une pratique thérapeutique pour que la psychanalyse continue à simplement exister.
D’abord une conviction personnelle : la psychanalyse est devenue meilleure et plus efficace sur le plan thérapeutique et nous savons infiniment plus de choses que nos aînés dont nous continuons à utiliser les enseignements théoriques comme références officielles. Que ce soit Freud ou Lacan, mais aussi bien d’autres, ils n’ont pas pu tirer des conséquences des «échecs » de la psychanalyse. Il faut rendre justice à Freud mais surtout à Ferenczi qui sur ce chapitre a été un peu plus « honnête » ou simplement plus scientifique. Mais je pense également au texte sur les « constructions en analyse » de Freud, très instructif à cet égard. Nous avons aujourd’hui l’occasion de recevoir par exemple d’anciens analysants de Lacan et de constater ce qui a été réussi et ce qui a été loupé, ce qui est très instructif. A l’exception de l’homme aux loups, et de quelques rares cas moins connus, aucun de nos grands ancêtres n’a eu à analyser des patients qui avaient déjà eu vingt à trente années d’analyse et qui n’allaient pas mieux … Et…. qui viennent encore demander une analyse, malgré l’échec apparent… Car ces analysants au long cours, ces obstinés de l’analyse, qui reviennent encore et encore, nous disent quelque chose d’essentiel : ils nous disent de ne pas céder, ils nous disent la place irremplaçable de ce dispositif particulier. Cela ne veut pas dire qu’ils sont plus fous que d’autres, si fous qu’ils ne savent pas décrocher de ce qui ne leur a pas réussi. Même si cela peut être le cas pour certains, c’est loin d’être vrai pour tous. Au contraire : on apprend d’eux qu’il y a quelque chose d’unique dans l’analyse. Mais aussi que nous pourrions mieux faire., que nous pourrions nous impliquer au moins autant qu’eux. Ils nous le disent. Il faut les croire.
–    Un premier constat : quand cela n’a pas « marché » et que
cependant ces patients ont un vrai savoir sur l’analyse (et je ne parle pas d’une rationalisation) on voit que ce qu’ils poursuivent encore et encore, c’est de pouvoir parler librement. Et nous demandent seulement de ne pas les laisser « seuls » face à leur discours. Et qu’ils ne sont pas dupes de la valeur réalité réalitaire qu’on leur propose. Mais ils gardent une demande de thérapie qui n’a pas été traitée.
–    Deuxième constat et conséquence du premier : si la psychanalyse a un avenir, c’est dans la mesure où elle saura développer une thérapie analytique, spécifiquement analytique mais ouverte à des connaissances nouvelles. Par exemple les travaux des neurosciences concernant la mémoire, le rôle de l’affect, la pensée en images en rapport avec le langage etc. On peut se servir des nouvelles découvertes sans pour autant réduire la psychanalyse à un positivisme naïf. Ce qui nous aiderait à ne pas tomber dans le positivisme réducteur est une pensée et une pratique politiques.
Voici donc mon axe pour répondre à la question de ces journées : C’est la pratique quotidienne qui pousse la psychanalyse à évoluer. Et c’est la clinique, donc la pratique effective que l’on doit rendre plus transmissible. Or elle reste un domaine aux limites du clandestin. En dehors des supervisions, quand est-ce qu’il y a échange véritable concernant la pratique effective et mise en commun des changements au regard de l’édifice théorique ? Il faut faire la différence entre les idées et les systèmes théoriques. Bien des systèmes avec leurs cohésions théoriques nécessaires au moment de leur élaboration tombent dans la désuétude, ce qui reste, au delà des théories, ce sont des IDÉES. Les idées survivent aux dogmes, aux « logiques «,    aux modes. Ainsi, ce que je retiens de Lacan ce sont plus des idées que son vaste échaffaudage logique.
Je pense qu’il y a un niveau, un plan intermédiaire entre la clinque comme simple récit ou déjà interprétée selon telle ou telle théorie et l’espace où la psychanalyse prend corps. Là où on est deux et où les idées peuvent circuler, des idées liées par l’affect.
L’espace de « l’entre » : Dans cet espace se jouent les vraies modifications, et deviennent effectives deux ordres de « réalisations » :
1- les changements observables, consignables de nos manières de faire la psychanalyse, ce que j’appelle la pratique effective. C’est un niveau spécifique qui peut donner lieu à la mise en commun de la réflexion sur la pratique, une réflexion qui élabore des outils de pensée clinque qui ne sont pas superposables aux concepts fondamentaux de la théorie. L’analyste face à tel ou tel patient n’aura pas les mêmes conduites, pas les mêmes exigences. Par exemple n’aura pas le même rapport à l’argent, à l’exigence de payer, à la régularité. Il n’est pas toujours capable de l’expliciter sur le moment. Souvent une phrase idéologique obture la vraie raison d’un geste.
2- les pensées issues directement de la relation analysant -analyste prennent    une consistance propre, ce sont des pensées cliniques. Dans un travail récent André Green parlait de la « pensée clinque » comme différente de la théorie, une pensée qui naît et se développe dans le cadre des séances dans l’espace du duel analyste – analysant . Voilà comment, en partant de formations très différentes, on arrive à des questions très proches quand on pense à la clinique comme source de pensée. Ce sont des pensées qui circulent entre l’analyste et l’analysant, issues de la rencontre de deux corps, de deux histoires de deux structures, de deux singularités souffrantes, qui vont permettre (ou non) que l’un des deux, l’analysant, utilise cet espace singulier qui l’invite à investir du côté des pulsions de vie. C’est dans cet espace aussi, le plus proche possible de l’inconscient des deux protagonistes dans leur inter- dépendance , leur être avec, que naissent les vraies pensées cliniques. Celles-ci peuvent ensuite être « rapportées » à tel ou tel chapitre de la théorie, ou au contraire en ouvrir un ,tout à fait inédit. Pour ce dernier cas, il est évident que l’analyste aura du travail sur la planche. Mais il est fondamental de savoir qu’il y a un espace propre à l’effectuation de la psychanalyse, qu’il est différent de toute théorie, même si celle-ci nous influence, nous forme ou nous déforme, et souvent nous humilie. Cet espace de « l’entre «    est encore à explorer dans sa spécificité. Il est le lieu privilégié où peuvent se jouer et se penser les grandes transformations, et non plus, comme on l’affirmait en grande pompe jadis , dans les incorporelles « coupures épistémologiques ».
L’association libre reste à mon avis la méthode la plus à même de ramener dans la séance des fragments de représentations ou de rêverie en continguïté avec l’inconscient. Cet espace de « l’entre » permet que s’appréhende au plus près, ce qui peut donner lieu à une réflexion seconde. Pour ce qui est du cadre, autre cador de nos rêveries, je prends parfois de très grandes libertés par rapport au « cadre » classique, mais je garde toujours la possibilité d’y revenir, comme on revient à la base après une expédition en haute montagne. Il faut bien avoir une « forme » de référence pour parler les uns avec les autres qui ne relève pas seulement du commentaire des textes théoriques. La cure-type reste à ce titre utile comme modèle, comme mesure des écarts.
Ainsi , à titre d’exemple, on n’a pas encore tranché si on pouvait devenir psychanalyste à part entière, sans aucune expérience personnelle du divan. Pour l’instant je ne me prononce pas. Je crains que quelqu’un avec une telle « formation » sans divan, n’ait plus de mal à inviter ses propres patients à faire cette expérience que je trouve irremplaçable quand on peut la faire. C’est bien pour cela que nous sommes dans une période de transition qu’il faut mettre à profit pour penser la clinique de manière la plus exigeante.
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On se trouve donc dans une situation bizarre : on a une pratique qui a évolué, qui d’une certaine façon a fait des progrès, qui se transmet oralement, et une théorie qui n’a pas enregistré ces changements et qui cependant de manière officielle sert de référence.
Bien sûr qu’il y a des travaux théoriques récents intéressants, mais ils se présentent de façon tellement dispersée, éclatée, que le discours officiel de LA psychanalyse reste l’apanage des « maîtres anciens. »
Est-ce trop tôt pour commencer la réévaluation de la théorie et la mise au point de nouveaux concepts ? Une chose est sûre : c’est la pratique qui fait avancer la psychanalyse. Comme chaque discipline, qu’elle soit pragmatique ou référencée fortement à une théorie ou même donnant lieu à une théorisation permanente, la psychanalyse ne peut pas ne pas changer, ne pas « progresser ». Même si le terme de progrès ne soit pas le plus adéquat en l’occurence. Mais on peut dire qu’une réflexion au sujet d’une pratique progresse et se développe à condition d’y avoir accès au travers de la consignation de nos pratiques et la « publication » de nos pensées issues des séances.
Il serait bon que chaque analyste puisse tenir un journal clinique, et qu’il n’attende pas d’être mort pour en partager les bénéfices avec d’autres !! Entre les changements et les « progrès » de nos cliniques et les références théoriques officielles il y a un hiatus chaque jour plus grand.
En réalité, il n’y a jamais eu adéquation parfaite entre clinique et théorie en tant que corpus de concepts. J’ai même dit « qu’il n’y avait pas de rapport théorique, comme Lacan disait qu’il n’y avait pas de « rapport sexuel. » Dans le sens où, s’il y a des relations sexuelles, le rapport en tant que rapport ne peut pas s’écrire. Il est ni univoque ni stable – il en est de même pour la clinique et la théorie .
Qu’on m’entende bien : je m’enrichis et je prends un grand plaisir à lire Freud ou Lacan ou tout autre ancêtre. Ils donnent du grain à moudre,
toujours, mais c’est insuffisant à penser la clinique d’aujourd’hui. Et de toute façon il n’y a de psychanalyse que celle qui est en train de se faire. Attention, je ne dis pas qu’il suffit qu’il y ait un psychanalyste dans la salle, un qui se déclare tel, et que tout ce qu’il dit et fait ce soit de la psychanalyse ! Non, mais si l’on est conscient de sa responsabilité, alors on engage toute la psychanalyse à chaque séance. Si je formule aujourd’hui mon désir d’analyse comme un désir de savoir sur la relation d’inconnu et un pouvoir de soigner autrement, il y a quarante ans, je ne l’aurai pas formulé ainsi. J’avais lu Freud, et je me suis dit : « c’est ça que je veux faire ». Je n’aurais pas pu dire beaucoup plus. Et c’est ça le « désir ». On ne l’analyse pas, il est ou il n’est pas. On peut analyser des raisons d’un désir, nommer l’objet d’un désir, des effets d’un désir, mais le désir en tant que tel ne s’analyse pas. Comme la libido, elle est là ou elle n’est pas là. Ensuite elle s’actualise d’une façon ou d’une autre. Comme il y a des analyses et non pas une analyse aujourd’hui, je me demande quel fil rouge pourrait quand même apparaître. Si fil rouge il y a, il passe de toute façon par l’exercice analytique. C’est une expérience en train de se faire, et là – dessus tous les analystes sont d’accord. Et pour devenir psychanalystes, il faut avoir été analysant. Cela aussi reste un fil rouge. Mais jusqu’à quand sera-t-il ainsi? Quand je dis « exercice » ce n’est pas n’importe quelle psychothérapie !!! Là dessus il faut être clairs : quand il y a psychothérapie, c’est une psychothérapie faite par des psychanalystes. Je conclus par où j’ai commencé    en insistant sur le fait que c’est la pratique qui fait avancer la psychanalyse, et si la psychanalyse survit au désamour actuel dont elle est l’objet, ça sera à cause de sa capacité thérapeutique non – médicale. D’une certaine façon on a le couteau sur la gorge,….Et cela ne me déplait pas ! La recherche de la survie a toujours été un stimulant de la créativité. Après la vie dans le confort qui a fait s’endormir les meilleurs, vive la survie qui contient toujours un désir de vie.

Radmila Zygouris
Le 16.Mai 2009    Toulouse