Se non è vero è ben trovato

Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

In Patio – 1984
Aux passe-murailles

Peut-on aujourd’hui, en 1984, écrire comment on pense, comment on « fait » la psychanalyse sans passer par l’inévitable défilé de citations-références qui marquent les points d’ancrage de nos croyances théoriques ?
Ce qui est certain, c’est qu’il n’est plus guère possible d’écrire « naïvement » même si l’on est en marge, même si l’on s’est dégagé de tout credo institutionnel, voire théorique. Que l’on se réfère explicitement ou non à une école de pensée, ou que l’on écrive apparemment sans référence a aucun texte, a la lecture, une distribution se fait malgré l’auteur. Personne ne peut prétendre aujourd’hui être seul a l’origine de son discours, pour original ou pathétique qu’il se prétende.

Trop d’eau a coulé sous les ponts… trop de mots ont été écrits pour avoir laissé qui que ce soit, s’il entre dans la ronde des pratiquants de la psychanalyse, vierge des blessures ou des cicatrices que laissent ces mots répétitivement entendus ou lus. Cicatrices dans nos mémoires que chacun à sa manière rouvre… emblématise ou soigne.

Pourtant, on se doute bien que la citation – explicite ou camouflée, voire présente a l’insu du scripteur – est tout de même le signe qu’a son endroit même ma certitude vacille et indique le blanc de ma propre pensée. C’est sur ce blanc, cette incertitude que par la citation je rends « notoire », que prend. paradoxalement appui mon énoncé. Et comment faire autrement – prendre mes sentiments comme critères de vérité ? Mes sentiments seuls ? « Ma pensée » ? Qui peut penser seul ? Ainsi donc un Maître, sa parole, pour soutenir ce blanc de ma pensée, ce point où s’origine une réflexion, une démonstration ou même une simple description. Comme si ainsi, l’erreur était évitée… d’avoir été pensée et énoncée par un autre. Comme si Freud avait dit la vérité… ou Lacan… ou Winnicott ou Bion… ou tout autre mis à cette place.
Déraison de nos discours… déraison inévitable, sauf à se prétendre naïf ou exempt de toute marque ; déraison inévitable a défaut d’un lieu où poser la coïncidence entre la vérité, le réel et une origine.

Et pourtant, on ne cesse de faire comme si ce lieu existait : croyance tout aussi inévitable pour éviter… l’écriture pure. Ou bien on se prétend naïf, ou bien on fait comme si ce lieu en dernière instance devait exister, dont les écrits-maîtres seraient alors les preuves discontinues. Croyances à l’œuvre dans les deux cas.

L’obscène de la croyance peut cependant se tempérer de l’aveu de la séduction : se non è vero è ben trovato. Que me reste-t-il alors sinon a tarauder inlassablement ces fragments qui m’indiquent les lieux où ma pensée prend appui, démontrer, segmenter, condenser, métaphoriser ces discours qui, a défaut d’emporter toute ma croyance, me séduisent suffisamment pour me servir d’origine commune avec d’autres ? En dernière instance, écrire est une tentative de prouver que l’on n’est pas fou. Comment être crédible sans faire appel a la croyance ?

« … Et c’est ce qui explique aussi les effets souvent éton- nants pour nous des interprétations que donnait Freud lui-même. C’est que la réponse qu’il donnait au sujet était la vraie parole où il se fondait lui-même, et que, pour unir deux sujets en sa vérité, la parole exige d’être une vraie parole pour l’un comme pour l’autre.
C’est pourquoi l’analyste doit aspirer à telle maîtrise de sa parole qu’elle soit identique à son être… » .

Je dis : cela est beau, et : se non è vero è ben trovato. Que dire d’autre ? Que je crois que c’est vrai. Au-dela, nulle démonstration qui tienne, nul réel qui fasse épreuve de vérité. Ainsi s’écrit la psychanalyse…
Et a Lacan de poursuivre :

« … Car il n’aura pas besoin d’en prononcer beaucoup dans le traitement, voire si peu que c’est à croire qu’il n’en est besoin d’aucune, pour entendre, chaque fois qu’avec l’aide de Dieu, c’est-à-dire du sujet lui-même, il aura mené un traitement à son terme, le sujet lui sortir les paroles mêmes dans lesquelles il reconnaît la loi de son être. »

Cela reste beau… mais ma croyance fléchit. A cet endroit-là voici que l’autre perd son pouvoir de séduction… je ne le crois pas car j’ai a ma disposition des souvenirs, quelques expériences, des pensées propres qui me déchaînent de l’emprise de ce discours et viennent faire pièce au déroulement d’une logique que je reconnais être celle – subjective – d’un autre que je ne suis pas. Plus. Exit. Suis-je pour autant seule ? Naïve ? Folle ? Narcisse ?

Voici pour le moins la cicatrice repérée : délimitée sa part d’emblème… Et maintenant les soins : la post-cure.
Je bute contre ce : « il aura mené un traitement a son terme… » A quel terme l’analyste aura-t-il donc mené… quel traitement ? Psychanalytique s’entend. Mais cela suppose, suggère, intime l’idée qu’il y a un terme et un seul a une analyse, une seule. Un terme avec un analyste se conçoit, avec une pensée, cela se soutient ; et même pas toujours, car ce terme-la a pu être réactivé des conflits anciens, de symptômes ou d’inédits. Il suffit parfois d’un événement, d’un hasard survenu ultérieurement pour que d’autres conflits, ou d’autres symptômes ou inédits restés en suspens, d’autres signifiants non remis en circulation surgissent, et tout est a reprendre ; autrement.

Depuis quelques années, j’ai été de plus en plus souvent amenée a recevoir en analyse des personnes ayant déja eu une analyse, et l’ayant selon leurs dires « terminée ». Certaines fois, il s’agissait même de personnes ayant eu deux, trois, voire quatre analyses.
Par certains points, cela peut évoquer les problèmes que soulèvent les analyses dites « interminables ». Celles-ci existent depuis les débuts de la psychanalyse. « L’homme aux loups » en est le représentant le plus célèbre, mais non le seul. Il est difficile de faire des catégories tranchées. Je m’en garderai bien. Que l’on dise « analyses interminables » ou errances, ou demandes toujours renouvelées, une chose persiste : cette chose est un espoir toujours renouvelé que la psychanalyse arrivera a les soulager de leur souffrance. Que cette souffrance soit aiguë et ils feront un détour par d’autres thérapies ou la médecine, qu’elle soit simplement existentielle et tous comptes faits banale, c’est a la psychanalyse, au travers de ses représentants, les psychanalystes, qu’ils viennent répétitivement poser une question.
Une catégorie d’analysants est seule autorisée a avoir ce recours sans fin : les psychanalystes eux-mêmes. Freud le premier pense qu’il est souhaitable que chaque analyste fasse périodiquement un retour sur le divan. Ceci pour le bien de son travail : nulle souffrance particulière n’est exigible. La didactique seule serait donc interminable… la thérapeutique est tout de même censée se terminer. Lacan proposait une autre idée. J’y reviendrai. D’un point de vue, cela peut paraître le bon sens même. Dans la réalité, les choses sont loin d’être aussi tranchées. Le plus souvent, les psychanalystes, quand ils reprennent une analyse, le font pour les mêmes motifs que n’importe quel « patient » : quelque chose ne va pas… ou ne va plus. Que le mot soit prononcé ou non, c’est une thérapie qui est en fin de compte demandée.

Je laisse de côté les cas de figure où une première analyse a été interrompue parce que « rien ne bougeait » comme cela se dit. D’emblée, l’autre analyste est alors susceptible d’être « meilleur »… L’idée d’une analyse « terminée » n’avait pas été de mise…
Mais je voudrais évoquer plus particulièrement les demandes d’une « autre analyse » qui suivent une analyse « terminée ». Cela veut dire qu’en un temps, une cure a eu lieu qui a abouti a une « fin d’analyse », signant ainsi la croyance de l’analysant, et très souvent aussi de l’analyste en une fin.
Mis a part quelques cas rares où l’analyste précédent avait été une franche nullité, quand ce n’est pas un pur escroc, ce qui doit tout de même pouvoir se dire, le plus souvent je pouvais entendre les effets d’une analyse qui avait eu lieu. En d’autres termes, le rapport de ce type d’analysant a l’analyse n’est pas neuf, ni une pure rationalisation et ils ne sont en rien comparables a quelqu’un qui commencerait une analyse première.
De façon quelque peu lapidaire : de quel traitement relève ce morceau-la ? Partie de la vie, mais pas tout a fait, rencontre avec un autre qui n’a pas fait histoire, mais qui n’est pas sans faire des histoires… souvenir-écran, parfois même événement traumatique, surcodage de la parole, répétition d’un artéfact impossible a négliger, discours troué d’un passé de laboratoire dont le destinataire est loin d’être évident… après-coup, non seulement d’une analyse, mais d’une croyance, qu’est-ce que c’est que d’avoir cru… finir ?
Il n’y a pas lieu de tomber dans le piège et de se prendre systématiquement pour un meilleur analyste que le précédent… La tentation est grande, bien souvent…
Un raisonnement peut parfois aider à combattre sa propre mégalomanie « Non, je ne suis pas meilleure que le précédent… la demande d’une autre analyse est un temps logique d’un processus analytique particulier… » « … Ce qui se fait chez moi est un maillon, soit le dernier, soit l’avant-dernier, ou le nième, d’une chaîne, qui trace un parcours a forme d’errance… » États d’une psychanalyse… États de la psychanalyse…
Cela peut se concevoir, cela peut être une démarche a condition qu’aucun analyste de la chaîne ne vienne bloquer le processus par une croyance en un « terme » unique qui doit clore une analyse unique, la sienne, la bonne, la seule vraie. Cela induit une idéalisation de l’analyse, idéalisation d’une cure qui alors prend valeur de cure-type, laissant comme reste inanalysable ce qui n’est pas advenu a l’intérieur de ses limites. Limites de l’analyste et limites qu’impose le modèle théorique qui a servi de référence a l’analyste : partage indécidable parfois, évident d’autres fois. L’analysant ayant ainsi « terminé » une cure-type ne peut dans le meilleur des cas que demander, non une autre analyse, mais littéralement autre chose. Souvent, ce qui apparaît comme une forme dégradée et dévalorisée de la psychanalyse, a savoir, modestement, une psychothérapie. « Au diable la pureté analytique : soignez-moi donc, comme il vous plaira, la ligne théorique, ce n’est vraiment pas mon problème… »
Au bout de l’analyse pure… la psychothérapie !
Il y a ainsi des psychanalystes qui, depuis quelque temps, ont une étrange spécialité : psychothérapeutes d’analystes… Psychothérapeutes de cures-types. De quoi se soutiennent-ils dans cette position ? De quelques libertés, et d’une éthique… Théories, expériences, passé personnel, présence, écoute, paroles, états psychiques, névroses confondues, vaste répertoire non répertoriable : self-service ? Pas étonnant que le self fasse retour. Finis les menus bien ordonnés, défilés pour un Sujet a devenir : entrée, plat de résistance, salade, entremets, dessert. Self-service : un désordre. Pourquoi la psychanalyse serait-elle épargnée de la barbarie ambiante ? Désordre de maux dont un Moi est l’enfant…
Du temps de la flamboyance de l’enseignement de Lacan et de la période bleue de l’École Freudienne de Paris, on se racontait l’édifiante histoire de jeunes analystes ou des analysants qui n’en pouvaient plus de la bêtise de leurs analystes de l’Institut ou d’autres groupes analytiques qui venaient – massivement – chercher chez les lacaniens a l’E.F.P. l’analyse, la vraie : la où la parole pleine était entendue et non réduite par l’interprétation du transfert… ni par la rigidité d’une formation à la médiocrité… Un peu plus tard, mais ceci ne se disait pas aussi ouvertement dans l’enceinte de l’Ecole, on apprenait que certains, et de plus en plus nombreux, allaient chercher hors du cénacle des lacaniens, une analyse, une vraie, des analystes non endoctrinés par un discours unique qui auraient encore gardé une capacité d’invention propre sans être soumis a la théorie infaillible d’un maître vivant. Puis sont venus des analystes émigrés des différentes régions du monde, surtout d’Amérique latine, qui se plaignaient des interprétations bétonnées des kleiniens ou des certitudes inventoriées des analystes de l’I.P.A. Et alors qu’ici la migration des lacaniens avait commencé a la recherche d’analystes « autres », eux, racontaient la bouffée d’air que représentait pour eux leur analyse autre avec, enfin, un lacanien. Ainsi tournait la roue. Et elle tourne encore, mais les lieux portent peut-être des adresses moins lisibles.
Certains, en me lisant, hausseront sans doute les épaules : eux avaient eu un analyste, un vrai, depuis le début… Cela arrive heureusement et il arrive aussi qu’une analyse se termine avec un analyste, sans déclencher cette recherche de l’« autre » analyse. Mais le nombre de ceux qui ont connu l’errance est si grand que la question mérite a mon avis d’être posée. De quelle nécessité relève alors cette quête d’une analyse « autre » ?
Plusieurs réponses se présentent, partielles, mais toutes acceptables. D’abord l’évidence devant un « échec » : recherche d’un analyste qui réussira la où le précédent avait échoué. Mais cela est rarement aussi simple. Dans d’autres cas où l’analyse précédente avait été « terminée », refaire un par- cours, un trajet selon des critères différents. Cela aussi n’est pas si simple. Enfin, on peut également gloser sur la non-finitude du transfert à la psychanalyse qui n’est pas superposable  à la finitude du transfert a « un » analyste. Toutes ces questions sont débattues depuis longtemps.
Il est une autre manière de poser alors le problème qui consiste a se demander si l’état actuel de la psychanalyse n’aurait pas quelque chose a voir avec cette errance.
La disparité théorique de la psychanalyse est plus ou moins évidente selon l’épaisseur des murailles institutionnelles qui protègent plus ou moins hermétiquement les ouailles analysantes d’autres discours sur l’analyse tenus « au- dehors ». Il y a toujours eu des analysants passe-murailles. A certains moments de l’histoire, ces passe-murailles deviennent visibles par leur nombre. Ceci est le cas aujourd’hui… et certaines murailles se sont effondrées.
L’on ne peut plus feindre d’ignorer la disparité théorique et parler du discours de la psychanalyse comme « Un », en tout cas pas comme « Un » homogène. Il n’est donc plus possible de maintenir la croyance qu’il existe une psychanalyse.
La psychanalyse est un discours théorique, une pratique et une thérapeutique. Ces trois aspects ne sont pas dans des rapports aussi homogènes et nécessaires dans leurs articulations que l’on se plaît parfois à le croire. Les différentes pratiques et théorisations ne sont que des représentants manifestes des différences muettes, des discontinuités de la pensée et du discours ayant même nom : la psychanalyse, ayant même objet : l’inconscient. On peut même s’avancer et dire que ce que Lacan avait désigné comme les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, a savoir l’inconscient, la répétition, le transfert et la pulsion, sont présents, diversement dosés, dans tous les courants de la psychanalyse.
Certains courants, écoles, théories, pratiques, que l’on appelle ces différences comme on voudra, toutes ces disparités constituent, toutes ensemble, les états de la psychanalyse. États de la psychanalyse comme on dit en physique états de la matière.
Où la psychanalyse se pose comme doublure du psychisme humain lui- même. Autrement dit : chaque état de la psychanalyse ne rend compte que partiellement du fonctionnement psychique, de même qu’il n’a d’efficace que sur des aspects sélectifs de celui-ci.
Les demandes d’analyse « autre » sont alors a entendre comme la recherche d’un passage d’un état de la psychanalyse à un autre, ni meilleur ni pire nécessairement, mais au sens large, complémentaire (ce qui n’exclut pas la question, ni de l’erreur, ni de l’avancée, ni du vieillissement d’une théorie). Pour dire les choses de la manière la plus simple : • … Passages d’une position subjective à une autre, d’une place imaginaire a une autre, d’un état psychique a un autre… quête de la partie manquante du symbole… recherche obstinée de retrouvailles de hasard. Si l’on se place du point de vue de la discontinuité, pourquoi ne peut-on pas être en proie au cours d’une vie a plusieurs manifestations psychiques de souffrance, non reliées entre elles par une logique dont la psychanalyse aurait a prévoir la succession ? Comme on peut d’un point de vue somatique avoir plusieurs « maladies » sans lien évident entre elles. • Si l’on se place du point de vue d’une analyse cure-type qui prévoit en quelque sorte un trajet a parcourir, alors, qu’on le veuille ou non, apparaît comme modèle sous-jacent, le processus de la croissance biologique qui, lui, est prévisible et que l’on ne parcourt qu’une fois. Or, toute cure qui a comme référence théorique un critère de fin d’analyse a explicitement ou implicite- ment comme exigence un « processus » de parcours ; il devient alors indifférent d’appeler la fin de ce parcours « objet total » ou « castration symbolique »… Quelles que soient alors les précautions prises, un mot et un seul désigne la porte de sortie. Dans l’« autre analyse », ces mots de sortie, ces fins, a un moment imaginées comme définitives, feront retour sous des formes diverses, ils seront à perdre comme on perd une illusion, au mieux, au pire, ils provoquent un véritable travail de destruction. Positions persé
cutives, culpabilité qu’engendre non pas une erreur, mais littéralement une faute. Et il faudra inventer d’autres mots pour parler de soi a l’autre, en vue d’autres fins. Le souvenir même de ces mots peut être terrible a évoquer quand celui-ci a pu prendre pour un temps valeur de vérité incontestable.
La mélancolisation de ce passé n’est pas toujours facile a surmonter sans que se répète dans la nième analyse la même idéalisation pour faire parade à la déchéance de la première.
Pour finir, a titre d’exemple, le cas tant rebattu de la « passe » par laquelle certains analysants devenaient… « ceux qui peuvent témoigner des problèmes cruciaux aux points vifs où ils en sont pour l’analyse, spécialement en tant qu’eux-mêmes sont à la tâche ou du moins sur la brèche de les résoudre ».
Se non è vero, è ben trovato… mais… en quels termes en parler ?
Et si, a l’endroit où bute une fin d’analyse (sa fin ?), elle interrogeait la théorie psychanalytique a un « point vif » dont aucun des termes ou des concepts mis en place par le discours de Lacan ne permet de rendre compte ? Et si cela se passait dans un autre « état de la psychanalyse » ? Si, « finir » une analyse c’était justement ne plus être dans l’énonçable de ce qui a pu soutenir la pensée de son propre analyste ? Il ne s’agit pas alors de peaufiner par de petits apports personnels une grande oeuvre, quel qu’en soit l’auteur. Et si la grande oeuvre n’avait strictement rien a dire sur ce qui a pu être l’essentiel d’une question ? La, on pourrait peut-être parler de « passe »… « Que la peur me passe grands dieux, de ne plus être audible par mon analyste… » Car il ne faut pas s’imaginer qu’il soit facile d’écouter en langue ordinaire. L’inconscient ne parle pas forcément comme vous et moi. Le « point vif » est à entendre la en négatif : le point où plus rien n’est vif pour celui qui écoute, où plus rien, venant de l’analysant, ne met en circulation ce qui le fait penser lui, où plus rien n’est la qui lui rappelle ses zinzins habituels qui ont nom de psychanalyse.
Arrivé a ce point, il arrive souvent que l’analysant n’ait encore rien dit d’essentiel qui puisse faire basculer dans sa dynamique propre, et non sous influence d’un écriteau de sortie, sa souffrance névrotique, pour ne parler que de celle-ci, en un « malheur ordinaire ».
Déliaison de langues qui ont fait emblème…